La forêt immergée
évolution 04 — la forêt immergée
Lors d’un vol en février 2015, des dizaines de troncs ont pu être photographiés sur une surface évaluée à un hectare. La quantité de troncs et leur disposition laissaient entrevoir la découverte exceptionnelle d’une ancienne forêt, aujourd'hui immergée, qui serait morte sur pied lors d'une transgression du lac. Les premières plongées ont confirmé cette impression, la forêt était en place! Les troncs n'avaient pas été amenés par les courants du lac ni par l'Aar dont un ancien bras finissait dans le lac de Neuchâtel. Plusieurs prélèvements ont été effectués sur les troncs pour la détermination des essences, pour une datation radiocarbone et pour des études dendrochronologiques.
Le sapin est représenté avec des troncs très branchus caractéristiques d’une forêt peu dense où les branches ont pu fortement se développer. Le sapin n’apprécie pas les sols gorgés d’eau et dès la remontée du niveau de l’eau, ces arbres ont rapidement dépéris. Ainsi, une datation dendrochronologique du dernier cerne de croissance donnera la date précise du début de cette transgression lacustre. En revanche, d’autres espèces comme les frênes, habitués aux zones humides, ont continué de se développer pendant une centaine d’années. Cette indication suggère que le niveau du lac, après une remontée assez brusque, s’est ensuite stabilisé longuement, avant de poursuivre sa transgression anéantissant tous les derniers arbres. La datation radiocarbone situe cette forêt vers 5000 av. J.-C. Elle a pu se développer pendant une phase durable d’amélioration climatique, appelée Atlantique. Dans notre région, c’est les débuts du Néolithique avec l’installation des premiers villages et une anthropisation marquée du couvert végétal. Cette forêt apporte un nouveau champ d’études pour la compréhension de cette période charnière de la préhistoire.